Le vélo, c’est écologique ! C’est le genre d’affirmation qu’on remet rarement en question ( exception à la règle dans cet article Auto-Moto digne du Gorafi ).

Ton vélo est écologique uniquement sous un angle comparatif. Etudions par exemple le poids énergétique engagé pour une personne sur 1 km (Source) :

• à vélo = 17 fois moins qu’en voiture
• à vélo = 3 fois moins qu’en bus à heure de pointe
• à vélo = 3 fois plus que la marche à pied

Pour moi cela signifie que le vélo a une marge de progression pour limiter son impact. En tant que réparateur vélo, je vais te parler de ce qui me semble à optimiser en priorité pendant la vie de ton vélo, pour éviter de créer du déchet inutilement. En deuxième partie, on fera un petit point sur le choix d’un nouveau vélo si jamais c’est ton sujet.

Cet article est écrit par un cycliste urbain, pour un usage urbain. Je ne prends donc pas en compte les problématiques liées à des usages plus spécifiques (VTT, Descente, Route ultra-léger …)

Optimise la vie de ton vélo

Comme n’importe quel véhicule, le vélo est composé de pièces qui s’usent et qui se remplacent.

Pour chaque pièce d’usure du vélo, je te détaille :

• Le nom de la pièce, sa composition
• Sa destination en fin de vie
• Les pistes pour allonger sa durée de vie et/ou diminuer son empreinte écologique en fin de vie

Mets la gomme (les pneus)

• Tes pneus associent plusieurs matériaux dont du caoutchouc, des fibres de nylon, et des tringles en acier.
• L’association de ces matériaux rend tes pneus non-recyclables. Ils vont directement à la poubelle (en France, ils sont principalement incinérés, sinon enfouis)
• Pour des pneus qui durent un maximum, il faut que tu respectes la pression recommandée (ex: 4 à 6 bars), et pour ça que tu la contrôles au moins 1 fois / mois.

Les pneus sont des éléments essentiels mais fragiles de ton vélo. Pour limiter les risques de crevaison, je te conseille vivement d’investir dans des pneus anti-crevaison. Ce chiffre n’engage que moi, mais à l’usage j’estime qu’ils t’éviteront 9 crevaisons sur 10. (Un bon pneu standard vaut 20€, un pneu anti-crevaison 40€). Des pneus de qualité bien entretenus peuvent durer des dizaines de milliers de kilomètres.

Les chambres à air

• Tes chambres à air sont composées de caoutchouc et d’une valve en métal. Elles ne sont pas recyclables. (on peut noter que Schwalbe propose des chambre à air à 20% recyclées, mais pour ce qui est de la collecte des vieilles chambre à air, elle se cantonne pour l’instant à l’Allemagne)
• Dans les autres cas, elles vont donc directement à la poubelle. (Incinération)
• Pour éviter les crevaisons, il s’agit des mêmes recommandations que pour les pneus : respecter la pression recommandée, et pour ça la contrôler au moins 1 fois / mois. Enfin, si tu remplaces ta chambre à air, garde l’ancienne et répare là une fois chez toi.

Le freinage du vélo

Patins ou plaquettes

• Tes patins associent du métal et du caoutchouc.
• Bien trié, le métal est recyclé
• Pour un bon freinage et une durée de vie optimale, le réglage de la hauteur et de l’angle de tes patins doit être précis. Pour éviter de jeter trop de matière à chaque changement de patins (même si le métal est recyclé, cela consomme beaucoup d’énergie), je te conseille d’opter pour des patins à cartouches. N’ira alors à la poubelle qu’une très petite quantité de caoutchouc.

Si tu as des freins à disques, tes plaquettes maintenant :

• Tes plaquettes associent du métal (acier ou alu) ainsi qu’un mélange organique ou métallique ou semi-métallique ou encore céramique.
• Bien trié, le métal est recyclé
• Là encore, pour un bon freinage et une durée de vie optimale, le réglage de l’angle et le centrage de ton étrier doivent être précis. Je te conseille d’investir dans des plaquettes semi-métalliques lorsque tu les remplaces, tu allongeras ainsi leur durée de vie.

Les jantes ou les disques

• Tes jantes sont des pièces d’usure (si ton vélo comporte un système de freinage à patins). Elles peuvent être en acier, mais sont aujourd’hui le plus souvent en aluminium.
• En fin de vie, elles doivent être déposées en déchetterie pour être recyclées.
• Pour une durée de vie optimale, il faut nettoyer régulièrement tes jantes (par exemple avec un mélange eau + produit vaisselle, puis un bon rinçage). En effet, sans nettoyage, le mélange de poussières qui s’accumule se révèle abrasif et accélère l’usure. Il faut également surveiller régulièrement l’état d’usure de tes patins, si tu dépasses le témoin d’usure, ce n’est plus du caoutchouc mais du métal qui va frotter sur ta jante, et tu seras bon pour la remplacer au plus vite.

• Tes disques sont en alliage d’acier.
• Ils doivent être déposés en déchetterie pour être recyclés
• Le principal point pour éviter une usure prématurée de tes disques est de surveiller l’usure des plaquettes (il est indiqué de les remplacer quand la matière de freinage passe en dessous de 0,5mm)

Que tu aies des freins à disques ou sur jante, si tu entends le moindre bruit métallique au freinage, n’attends pas pour remplacer ou faire remplacer tes patins / plaquettes.

La transmission de ton vélo

On parle de transmission pour les pièces qui permettent de transmettre la force de tes jambes à la roue arrière. Les pièces qui s’usent dans la transmission sont : la chaîne, la cassette ou la roue libre, les plateaux.

• Ces pièces sont composées la plupart du temps d’alliages d’aciers.
• Elles doivent être déposées en déchetterie pour être recyclées.
• Pour une durée de vie optimale, il faut nettoyer et lubrifier très régulièrement ta chaîne.
• Lors du remplacement de ta transmission, choisis plutôt du milieu de gamme. En effet, le bas de gamme s’use rapidement, et le haut de gamme est, en général, plus cher car plus léger, mais pas forcément plus robuste.

Et si tu es électrique

• La batterie est composée de multiples cellules, qui contiennent chacune une grande variété de métaux, dont du Lithium, et de plastique.
• Ta batterie a un nombre de charges limité, en fin de vie elle doit être récupérée par ton vélociste qui la renvoie chez un spécialiste, pour qu’elle soit désassemblée et partiellement recyclée.
• Conserve dans la mesure du possible ta batterie loin des températures extrêmes (rester entre 5 et 25°C est idéal). Ne laisse pas ta batterie déchargée trop longtemps. Et si tu n’utilises pas ton vélo pendant quelques temps, charge ta batterie 1 fois par mois.

Un nouvel usage pour tes pièces usagées ?

Je t’en ai rapidement parlé plus haut, l’upcycling consiste à utiliser certains déchets pour un tout autre usage que celui prévu au départ. Bagagerie en chambre à air, ceintures en pneu, lampe de chevet à base d’éléments de transmission … les exemples ne manquent pas dans le vélo.

Si ces réutilisations sont souvent ingénieuses et créatives, elles concernent malheureusement une quantité infime de déchets à côté du volume total créé. Voilà pourquoi je ne m’étale pas sur ce sujet, mais s’il t’intéresse, je te propose cet article.

Tu t’apprêtes à acheter un nouveau vélo ?

La durabilité de ton vélo tient aussi au fait d’acheter le vélo qui correspond à tes besoins. Ni plus, ni moins. Je parle, comme annoncé en introduction, d’un usage de tous les jours, plutôt urbain, pour aller au travail, faire ses courses, sortir, etc.

Imaginons que tu hésites à acheter un VAE (vélo à assistance électrique) :

Pourquoi un VAE ?

(liste non exhaustive)

• Si ta forme physique n’est pas au rendez-vous,
• Si ton lieu de travail est disons … à plus de 10 km,
• Si tu souhaites transporter tes enfants,
• Ou encore si il y a sur ton chemin une côte insurmontable.

Quelques conseils :

• Renseigne toi bien, et achète un VAE de qualité ( par exemple dans notre boutique Quai des Cycles à Nogent-Le-Perreux )
• Sache aussi qu’un très bon vélo sera toujours plus agréable à rouler qu’un VAE basique, et bien moins cher.

Il est important de savoir que le choix d’un vélo électrique n’est pas anodin, et que l’impact social et environnemental est beaucoup plus fort que pour un vélo classique. Si tu souhaites creuser un peu l’enjeu autour des ressources en métaux, rendez-vous ici. Et si rien ne justifie franchement l’achat d’un vélo électrique, choisis une option beaucoup plus soft.

Une piste si jamais ton besoin de VAE est dû à un trajet trop long : utilise un vélo pliant, tu pourras par exemple aisément effectuer un trajet vélo-RER-vélo ! Le plus célèbre et mon favori à ce jour: Le Brompton.

Le vélo musculaire, autonome, économique, normal quoi 😉

Si tu achètes du neuf, il faut penser simplicité et robustesse.

Pour partir d’une base concrète, j’ai choisi le VSF T100 de chez Fahrrad Manufaktur, je t’explique pourquoi juste après la photo.

Première chose qui me motive : le cadre en Acier Cr-Mo . Le discours qui consiste à dire que l’aluminium est plus léger est globalement infondé pour un vélo de tous les jours. Sache qu’un Acier Cr-Mo de qualité (Cr-Mo = chrome molybdène) permet d’obtenir un cadre au poids proche d’un cadre aluminium. Mais surtout, l’acier vieillit bien mieux que l’aluminium ! Donc, si tu achètes un vélo en acier, tu peux compter sur lui pour durer.

L’équipement est simple et fiable (transmission Shimano Alivio, freins v-brake …) . La présence d’un éclairage dynamo, en plus de son efficacité et de sa facilité d’usage, évite l’achat d’éclairages à piles ou rechargeables, qui n’ont pas le meilleur impact dans la durée.

Parlons Budget, ce modèle est vendu 880€ en boutique. Pour un bon vélo acier bien équipé, on est sur un des prix les plus bas. Si tu trouves ça cher, considère qu’un achat qualitatif et bien réfléchit t’évitera de multiplier les dépenses par la suite. Et si ton budget est bien plus large, j’ai un faible pour le Pelago Hanko Commuter 😉

L’option la moins impactante : le vélo d’occasion

En théorie, le meilleur moyen d’avoir un faible impact lorsque tu achètes un vélo, c’est de l’acheter d’occasion.

Dans la pratique, si tu l’achètes à un particulier (par exemple sur un vide-grenier, sur troc-velo.com ou encore sur Le Bon Coin), attends toi à un parcours du combattant (notamment pour trouver la bonne taille) et à des frais supplémentaires pour la remise en état (bien se former sur les points de vigilances ou encore se faire accompagner lors de l’achat peut t’éviter bien des surprises).

Tu as aussi la possibilité de trouver ton bonheur dans une bourse aux vélos. Trouve ton atelier associatif le plus proche et demande leur quand est prévue la prochaine !  Tu auras sur place l’opportunité d’essayer des tas de vélos, avec des informations précises sur leur état, et des conseils de bénévoles.

Encore une piste pour toi, certains réparateurs passionnés de vélos anciens sont devenus spécialistes dans la remise en route de pépites des années 60, 70, 80, comme Lilian, un ami Bourguignon. N’hésite pas à le contacter de ma part 😉 . Si tu es à Paris tu as par exemple le café-vélo La Chouette,  La Bicyclette dans le 12ème ou encore Bicyclaide à Gennevilliers.

Alors qu’est ce qu’on fait ?

Je te résume un peu tout ça : le vélo est un formidable moyen de transport, économique, autonome, et écologique comparé à la plupart des autres moyens de transport.

Malgré tout, tout produit est source d’impact, même ce transport dit « doux » et peu énergivore : à l’extraction des ressources, à la fabrication des pièces, au transport jusqu’à ton magasin/domicile, à l’utilisation et l’usure des pièces qu’elle engendre, et enfin à sa fin de vie.

Tu as maintenant quelques clés pour réduire cet impact. Alors bichonne ton vélo, il te le rendra en confort et en sécurité !